Patrice Verdier : « Ce colloque a été un moment de retrouvailles pour les scientifiques de nos domaines de recherche. »

Institutionnel

Le colloque de restitution de l'exercice de prospective nationale en physique nucléaire, physique des particules et astroparticules, développements technologiques et applications associés mené par l'IN2P3 avec ses partenaires s'est tenu à Giens du 19 au 22 octobre 2021. Ce moment fort de la vie de l'institut, qui n'a lieu qu'une fois tous les huit à dix ans, a été également le premier grand rendez-vous en présentiel depuis le début de l'épidémie COVID. Patrice Verdier, organisateur de l'événement fait le bilan.

Patrice Verdier
Image Nicolas Busser/CNRS_IN2P3

Quel était le rôle de ce colloque de restitution dans le processus de l’exercice de prospective ?

Pour cet exercice de prospective, nous avons innové par rapport à l’édition précédente de 2012 en demandant à 12 groupes de travail d’organiser des séminaires thématiques au cours desquels les experts scientifiques de chaque domaine se sont réunis pour présenter leurs projets et en débattre. Ces séminaires ont eu lieu entre octobre 2019 et avril 2020, et ont donné lieu à des rapports écrits. Le colloque de Giens est la conclusion de cette phase de « collecte », avec une restitution à l’ensemble des personnels, des travaux et conclusions des groupes de travail. Pour la première fois, nous avons donc pu avoir une vision globale des projets dans l’ensemble des thématiques de l’institut pour les dix prochaines années. C’est l’étape ultime de la phase où se seront exprimés les besoins des équipes, où les directions des laboratoires et d’institut se seront assurés que l’on n’a rien oublié et que tout est en phase avant de procéder à la synthèse, aux priorisations et à la rédaction de la feuille de route 2021-2030.

Les scientifiques ont-ils répondu présent ?

Il y eu un nombre record de 340 participants réunis à Giens pour ce colloque, ce qui n’était pas gagné pour ce premier gros événement en présentiel post crise sanitaire. Donc oui, les scientifiques ont répondu présent. Ils étaient même, une centaine de plus, en moyenne, à chaque session, connectés grâce à la retransmission par webcast. Cette forte implication était déjà perceptible depuis la mise en place des groupes de travail qui ont mobilisé pas moins de 1000 personnes dans la première phase de l’exercice de prospective.

Comment se sont déroulés ces trois jours ?

De manière remarquable. Tout le monde a joué le jeu en mettant l’accent sur la définition de grandes priorités scientifiques pour les prochaines années. L’exercice était assez cadré. Les GT avec les DAS ont identifié des « science drivers » qui expriment les motivations et questions scientifiques que l’on se pose. Les groupes de travail avaient ensuite pour mission d’établir des recommandations basées sur ces science drivers et rédigées de manière à ce qu’elles puissent être mises en œuvre dans la période 2021-2030. Cette méthodologie a été respectée essentiellement par tous les GT, ce qui a rendu la restitution très efficace et a permis de focaliser les discussions sur des bases scientifiques ambitieuses. Par ailleurs, les présidents de séance ont fait un excellent travail pour organiser des séances de questions/réponses et de discussions animées.

Justement, ce temps d’échange a-t-il été fructueux et apprécié ?

J’ai eu des retours très positifs et j’ai pu aussi mesurer au quotidien à quel point les scientifiques étaient contents de se réunir. Les photos prises et visibles pour quelques-unes d’entre elles sur le fil twitter de l’institut sont éloquentes. Il était important pour nous que les scientifiques puissent se retrouver en personne et c’est ce qui nous avait poussé à décaler le colloque d’un an plutôt que de le faire en visioconférence. Les prospectives sont en effet des moments rares qui n’ont lieu que tous les 8-10 ans avec révision à 5 ans. C’est une occasion unique pour que l’ensemble des physiciens et physiciennes de tous nos domaines de recherche se retrouvent et échangent. C’est donc un moment qui resserre les liens entre scientifiques, un moment de cohésion où tous les laboratoires se trouvent réunis.

Quelle va être la suite maintenant ?

Jusqu’ici les GT ont identifié les projets et actions que les scientifiques souhaitent faire. Il faut maintenant définir ce que l’on peut faire. Nous allons effectuer ce travail en priorisant les projets, en croisant les demandes avec les ressources dont on dispose, humaines et financières, selon différents scénarii, pessimiste, optimiste ou stable, et exprimer ainsi notre capacité à conduire ces recherches durant les 10 prochaines années. L’ensemble de la direction de l’institut va donc s’atteler à la rédaction de cette feuille de route avec l’objectif de terminer d’ici la fin de l’année. C’est ambitieux, mais c’est le bon moment pour le faire. Il faut battre le fer tant qu’il est chaud.

Quel usage sera-t-il fait de cette feuille de route ensuite ?

Il y a plusieurs enjeux. Tout d’abord un enjeu interne, de priorisation des grands projets que les personnels attendent avec impatience, même si, globalement, il n’y a pas non plus un énorme suspens sur le court terme. Nos projets en physique nucléaire, physique des particules et astroparticules se déroulent sur de très longue durées, et il y en a beaucoup sur lesquels nous sommes déjà engagés sur l’ensemble de la décennie à venir, voire même au-delà. Il faut bien avoir à l’esprit qu’en matière de grands projets, cette feuille de route sera en grande partie une déclinaison au niveau national de roadmaps au moins européennes sinon internationales, établies dans des instances scientifiques internationales dans lesquelles nos chercheurs sont présents. Ensuite, il y a un enjeu national puisque la feuille de route sera communiquée à l’ensemble des tutelles et partenaires, CNRS et universités associées et bien sûr au MESRI, notre ministère de tutelle qui nous missionne pour cet exercice. Enfin, il y a un enjeu international très important. Environ 95% des projets et activités de l’IN2P3 sont menés au travers de collaborations internationales et cette feuille de route sera bien évidemment scrutée par nos partenaires étrangers (les comités thématiques européens NUPECC, APPECC, ECFA, le CERN bien sûr, l’INFN en Italie, le DOE aux états-Unis, le STFC au Royaume-Uni, KEK au Japon pour n’en citer que quelques-uns).

En savoir plus :

Enregistrements vidéo des séances du colloque de restitution de l'exercice de prospective national en physique nucléaire, physique des particules et astroparticules, développements technologiques et applications associés

Site indico du colloque avec l’ensemble des présentations en libre accès

Bilan de l’exercice présenté au Conseil Scientifique par Patrice Verdier le 26 octobre

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