Einstein Telescope est un détecteur d'ondes gravitationnelles de troisième génération. 10 fois plus sensible que son prédécesseur VIRGO. Vue d'artiste par Marco Kraan, Nikhef.

Le projet « Einstein Telescope », détecteur d’ondes gravitationnelles de troisième génération en lice pour la feuille de route de l’ESFRI

Institutionnel Astroparticules et cosmologie

Le consortium Einstein Telescope a déposé le 9 septembre une proposition officielle auprès du European Strategic Forum for Research Insfrastructures (ESFRI) pour qu’il intègre, à l’occasion de la mise à jour 2021 de sa feuille de route des très grandes infrastructures européennes, la construction du télescope à ondes gravitationnelles de troisième génération « Einstein Telescope » (ET).

Ce nouvel instrument scientifique majeur repose sur l’expérience acquise avec les détecteurs actuels de seconde génération, dont fait partie Virgo, télescope à ondes gravitationnelles européen installé à proximité de Pise en Italie. Comme ses prédécesseurs, ET fera donc appel à des interféromètres lasers géants pour détecter les infimes soubresauts de l’espace-temps, autrement dit les ondes gravitationnelles. Il en comptera trois, longs de 10 km et organisés en triangle, à comparer à Virgo qui en utilise un unique, long de 3 km. Autres différences notables, ET sera souterrain pour s’affranchir du bruit sismique de surface et les miroirs seront refroidis à une température cryogénique pour réduire les vibrations thermiques.

Voir jusque dans l’âge sombre de l’univers

La configuration choisie confère au télescope une sensibilité 10 fois plus grande que la génération actuelle d’instruments. Un bond exceptionnel qui devrait se traduire par la détection de plusieurs centaines de milliers d’événements par an, contre quelques dizaines actuellement et par une portée totalement inédite pour la science moderne. ET sera en mesure de détecter les événements les plus lointains de l’univers, y compris ceux qui auraient pu se produire au cours de son âge sombre, dans les toutes premières centaines de millions d’années de sa formation, quand la matière n’était pas encore suffisamment condensée pour former des étoiles. L’instrument promet ainsi de faire des observations cruciales pour la cosmologie et la compréhension de l’évolution passée de l’univers.

Portée du futur Einstein Telescope
Einstein télescope sera dix fois plus sensible que le détecteur Virgo. Il pourra percevoir des ondes gravitationnelles d’événements s’étant produits durant les premières centaines de millions d’années de l’univers, à l’époque de l’âge sombre quand aucune étoile ne s’était encore formée. Image : Consortium Einstein Telescope.

Einstein Telescope doit aussi intégrer une batterie d’innovations destinées à améliorer la qualité du signal et éliminer toujours plus efficacement les bruits parasites de l’environnement terrestre. Ses données seront beaucoup plus fines et détaillées ouvrant la voie à des études de physique inédites. Comme effectuer des tests nouveaux de la relativité générale ou de la théorie de la gravité quantique, à proximité de l’horizon des trous noirs, là où le champ gravitationnel atteint des valeurs extrêmes. Etudier les propriétés de la matière lorsqu’elle est soumise aux conditions de densité extrêmes des étoiles à neutrons. Ou encore, étudier la physique à l’œuvre dans les explosions en supernovas des étoiles. Einstein Telescope couvrira aussi une large bande de fréquences, du hertz à la dizaine de kilohertz, pour capter la plus grande variété d’événements possibles, depuis la fusion d’étoiles à neutrons jusqu’à la fusion de trous noirs de masse intermédiaire.

Un démarrage espéré en 2035

Les promoteurs du projet Einstein Telescope espèrent démarrer la construction en 2026 après une phase de 5 ans pendant laquelle sera étudié le choix du site. Deux candidats sont actuellement sur les rangs. Un premier dans l’Euregio Meuse-Rhin, zone transfrontalière de coopération européenne partagée par la Belgique, les Pays-Bas et l’Allemagne, et un second site en Sardaigne (Italie). Le centre opérationnel de l'infrastructure sera quant à lui assuré depuis l'Observatoire gravitationnel européen (EGO) qui héberge déjà le détecteur Virgo à Cascina en Italie. Cet observatoire est financé par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France, l'Istituto Nazionale di Fisica Nucleare (INFN) en Italie et Nikhef aux Pays-Bas. En s'appuyant sur l'ensemble des développements effectués sur Virgo, Einstein Telescope permettra à l'Europe de garder un leadership dans ce domaine. Le démarrage de l’instrument est espéré pour 2035.

Vue d'artiste du Einstein Telescope
Einstein Télescope sera enterré pour ne pas être exposé au bruit sismique de surface. Sa configuration en triangle permet de loger 3 interféromètres dotés de deux bras de 10 kilomètres de long dans lesquels voyagent les faisceaux lasers. Le passage d’une onde gravitationnelle se mesure en comparant le temps de vol des lasers dans les deux bras de l’interféromètre. Image : Marco Kraan, Nikhef.

 

A propos du consortium Einstein Telescope :

Le consortium Einstein Telescope regroupe 40 universités et institutions de recherche de 10 pays européens : Allemagne, Belgique, Royaume-Uni, Espagne, France, Hongrie, Italie, Norvège, Pologne et Suisse.

En savoir plus :

Lien vers le communiqué Einstein Telescope :  http://www.et-gw.eu/index.php/news

Lien vers le site d’Einstein Telescope : http://www.et-gw.eu/

Contact

Matteo Barsuglia
Chercheur au laboratoire APC et responsable scientifique ET
Berrie Giebels
Directeur-adjoint de l'IN2P3
Emmanuel Jullien
Responsable du service communication de l'IN2P3